Dimanche 16 avril: le Mandir de Neasden
Difficile de battre le score ‘curiosité’ de la veille, mais nous y sommes arrivés en allant au Shri Swaminarayan Mandir (
http://www.mandir.org/). Le Mandir est un temple Hindou, construit dans les années 90 à Neasden utilisant 5000 tonnes de marbre Carrara et de roche calcaire de Bulgarie, à partir de 26 300 pièces faites main par 1526 ouvriers. Le temple est construit selon les principes des anciens Shilpshastras indiens et présente une image surréaliste mais magnifique. Surréaliste parce qu’il est situé en pleine banlieue, tout près d’un IKEA et d’une usine dont les cheminées contrastent incroyablement avec la finesse du Mandir.
Une fois à l’intérieur, on oublie complètement qu’on est entouré d’une zone industrielle, et on se perd dans le rituel des gens qui prient aux statues de Ganesh et Vishnu, entre autres. J’ai presque eu l’impression d’être en Inde, et voulais me faire aussi petite que possible pour ne pas interférer avec la prière.
Tout était parfait... jusqu’à ce que nous nous trouvions dans la librairie à la sortie. Avant d’en arriver là nous avions dû nous soumettre à l’exposition ‘Introduction à l’Hindouisme’. Croyant apprendre des tas de choses, nous nous sommes livrés à une lobotomie qui nous remplissait de ‘faits’ tels que ‘l’Inde a inventé la musique’, ‘l’Inde a inventé les mathématiques’ et même ‘oubliez Pythagore, c’est un Indien qui a inventé ce théorème avant lui’. Bref, pas grand chose à voir avec l’Hindouisme. Et alors, à la sortie, observant les titres des livres sur les étalages, j’ai trouvé l’ouvrage ‘Auto-Urine’ qui apprend au lecteur comment soigner toutes les maladies en buvant ses propres besoins. C’est la première fois que je quitte une librairie en courant.Sauf ce hic (désolée), le voyage a surpassé toutes mes attentes, et m’a donné le goût de l’aventure, celle qui m’emmènera peut-être même en Inde, quel rêve...
Samedi 15 avril: Chislehurst caves
Pour démarrer notre week-end découverte de Londres, nous sommes allés visiter des grottes qui sont en fait des mines tout près de la où nous vivons: Chislehurst Caves (http://www.chislehurstcaves.co.uk). Il se trouve qu’il y avait un réseau minier souterrain de 40 km dont nous n’avions même pas un soupçon de l’existence... comme quoi, on peut faire semblant de connaître une ville mais ça sera toujours impossible de tout faire. Enfin, on peut tenter.
Les mines/grottes ont été creusées au fil des ans depuis les druides, et il y a de nombreux autels au fond des noirs couloirs, où de nombreuses jeunes vierges ont sans doute été sacrifiées. Nous n’avions qu’une lampe a huile pour nous éclairer, donc c’était très facile de s’imaginer la scène; les adeptes venus participer, rangés en rangs sur les côtés des couloirs, la jeune vierge petrifiée mais fière d’avoir été choisie, d’avoir cet honneur, le prêtre druidique sortant de son alcove, lame à la main, plaçant son offrande sur la pierre de l’autel de façon à ce que son sang coule stratégiquement dans la gouttière prévue au niveau de son cou... j’ai encore un frisson rien que d’y penser...
Les mines ont aussi été utilisées en tant que refuge pendant la seconde guerre mondiale, surtout pour les femmes et les enfants, évidemment. Mais c’est incroyable ce qui devait se passer pendant ce temps-là: ils y ont installé des toilettes (je vous épargne les détails du traitement de ce que les gens y laissaient, bien que notre guide ne se soit pas privé de tout nous raconter...), une cour de magistrats, un hôpital, et même une église, où ont eu lieu trois mariages ! C’était vraiment très impressionnant, très émouvant, et très flippant ! Nous avons perdu le guide à un moment (ou nous a-t-il semé pour nous montrer ce qu’est la peur ?), et nous paniquions vraiment, bien que nous n’en laissions transparaître aucun signe.
C’est vraiment parfait de pouvoir être une touriste dans la ville que je croyais commencer à connaître par cœur...
Barbican
Puisque nous n'avons pas assez d'argent pour voyager pour Paques, nous avons decide de profiter de Londres et tenter de voir des choses dont nous n'avions meme pas l'idee qu'elles existaient. J'avais deja un programme assez interessant de prevu, mais Jeudi soir, au travail, un homme que nous aimons appeler chrismat criait a travers le bureau "qui veut aller voir shostakovich au barbican?!"
Evidemment j'ai repondu MOI avant que quelqu'un d'autre saute sur l'occasion et je me suis retrouvee avec deux billets gratuits pour un concert donne par la London Symphony Orchestra dirigee par un certain Gergiev!
Le barbican est le plus grand centre d'arts d'Europe, construit dans les annees 70, et ca se voit. Je vous laisse en juger par vous-memes...
Le concert etait genial, les places ideales. Le blanc des cheveux du pianiste contrastait parfaitement avec le noir de son piano. Le percussioniste avait un air royal derriere son 'autel' de tambours. La mer de violoniste deferlait de vagues tres elegantes. Et le chaos de l'echauffement est devenu sublime avec l'ordre dicte par le conducteur, ou plutot ses mains secouees comme pour se les secher.
Le seul bemol de la soiree pour moi etait la cantatrice plutot actrice qui, genoux plies sous son enorme robe argentee, accouchait de sa chanson d'une facon assez grossiere.
Mais, en gros, une excellente soiree a ponctue le debut de weekend, et j'espere bien continuer sur ce registre de decouverte...
Joyeuses Paques
Bac à fleurs
Je ne comprendrais jamais pourquoi les hommes n’arrivent pas à faire leurs besoins sans en mettre partout autour des toilettes, à coté, sur les murs, au plafond...Lorsque ma patience s’écoule et que j’essaie de traîner Krusty par le nez pour le lui frotter sur le bol comme un chat malpropre, il me dit que je ne me plaindrais pas si nous étions des hommes des cavernes, et qu’au contraire, je serais heureuse qu’il fertilise la terre (?!!!) Peut être devrions-nous installer un petit bac de terre autour des toilettes alors, afin qu’il puisse fertiliser au moins quelque chose…
Nager avec les requins
Après le film, nous sommes allés dans un pub pas loin.Déjà un doute nous a assailli quand on s’est aperçu qu’il était plein à craquer alors qu’il n’était que 17h. mais c’était surtout le fait qu’il n’y avait que des hommes (qui ont biensur tous tourne la tête lorsqu’une femme a passe la porte) qu’on a vraiment commence à se poser des questions. Et à poser des questions a nos voisins de table.On s’est alors aperçu qu’on était en plein rassemblement de joueurs de jeux vidéos en ligne (imaginez comme Krusty était ravi), venus de toute l’Angleterre pour parler du jeu par lequel il s’étaient rencontre.
J’étais surprise que ce genre de chose se passe comme ça, sous le nez de tout le monde, sans avertissement, mais surtout parce que tous ces gens étaient…et bien…normaux ! je n’aurais jamais devine que la plupart d’entre eux passent leur temps a l’écran. Je m’attendais surtout à ce qu’une tempête éclate entre des joueurs qui se seraient battus en ligne, mais point, il y avait une camaraderie qu’on ne voit pas souvent entre étrangers (je sais qu’ils ne sont pas strictement des étrangers, mais c’était quand même la première fois qu’ils se voyaient en chair et en os, et leurs relations en ligne ne sont pas vraiment qualifiables d’amicales). Bref, bravo computer geeks, vous prouvez qu’Internet peut créer des occasions de se rencontrer et s’entendre sans se connaître, et non être l’échappatoire antisociale qu’on entend parfois.
Un de ceux a qui j’ai posé mes questions sociologiques masquées a même avoue qu’il avait trouvé des meilleurs amis en ligne qu’il n’avait jamais rencontre dans la réalité.Hmm, ou n’aurait-il simplement jamais rencontre d’amis dans la ‘vraie vie’ ? je suis toujours contre le jeu qui me vole mon clown, mais je ne suis pas contre les rencontres entre gens qui n’ont pas le courage ou l’envie de rencontrer les gens autrement… Au secours, vais-je bientôt en faire partie moi-meme avec ce blog ?
The Squid and the Whale
Hier nous sommes allés voir The Squid and The Whale au cinéma à Covent Garden. Jeff Daniels et Laura Linney y sont géniaux, la cinématographie style années 80 est tellement convaincante qu’à la première seconde, je me suis sentie nostalgique, et le sujet en général est émouvant et évocateur. C’est une histoire d’adultère, de divorce, et de la façon de laquelle parfois la vie est simplement une suite de problèmes et d’émotions qui, pris séparément, seraient faciles à résoudre et ressentir, mais entassés (comme ils sont en réalité), sont impossibles à supporter puisqu’ils évoquent tant d’histoire et de rancune. Et puis c’est aussi, du point de vue des enfants, un aperçu de ce qu’il se passe la première fois qu’on est deçu par ses parents, qu’on se sent trahi, qu’on devient adulte, en fait. Je crois que la première fois qu’en enfant se rend compte que sa mère et son père ne sont pas parfaits, alors il est propulsé soudainement dans une maturité pour laquelle il n’est peut-être pas encore prêt. Je suis tellement heureuse que mon innocence ait été si longtemps préservé. Maintenant que je suis adulte (ou que je m’en rapproche!) j’ai l’impression que les bonnes choses sont tellement difficiles à atteindre, et les erreurs si vite arrivées, que tout n’a pas beaucoup de sens en fait. Cette lutte quotidienne pour bien faire, je me demande parfois a quoi elle sert. Evidemment, quand la lutte aboutit au succès, alors la récompense est bien supérieure à l’effort, mais c’est si facile de se reconnaître en Sisyphe...Demain, une nouvelle semaine démarre...
Eve
J'ai un problème.Krusty me trompe.Au départ je n'étais pas trop inquiète, il me disait que ce n'était qu'un passage, que ce n'était que pour passer le temps pendant qu'il cherchait un emploi.Mais ça dure depuis six mois maintenant, et je ne sais plus trop quoi faire. Tous les soirs il me plante un baiser sur la joue et me dit qu'il part la voir, pendant une heure, peut être deux, il ne sait pas encore. Parfois je me couche même toute seule et il ne me rejoint qu'après minuit alors que je dors déjà profondément. A d'autres moments il revient avec des fourmis dans les jambes, et je sais que c'est à cause d'elle.J'ai pensé à la confronter, cette Eve dont il parle tout le temps, mais c'est sans espoir, il faudrait que je détruise trop de choses pour ça. Alors je laisse couler, pour l'instant.Quelqu'un sait-il encourager un homme à arrêter de voir sa maîtresse, à cesser de jouer à ce jeu en ligne qui s'appelle Eve et qui doit voir plus d'un homme délaisser sa compagne l'espace de quelques heures à voler dans le cyber espace? Aidez-moi! Dois-je simplement débrancher l'ordinateur?!
La gitane débarque
Ça y est, j’habite avec Krusty.
Le déménagement s’est très bien passé: en une demi-heure tout était fait. C’est ça d’être devenu une experte des déplacements en camionnette, c’est un peu une des conditions préalables de la condition de gitane. Krusty a eu un peu de mal à accepter la masse de cartons qui sont arrivés chez lui, il n’avait pas réfléchi qu’avec la gitane viennent des dizaines de paires de chaussures et des sacs par milliers… Il s’y habituera, j’en suis sure.
Au travail, tout a été bousculé aussi : en l’espace de deux semaines, deux de mes patronnes ont démissionné, dont une qui va à Vogue. Imaginez les vagues de jalousie qui déferlent à travers le bureau dès qu’elle passe la porte maintenant… ! J’aimerais postuler pour son rôle, mais je pense qu’ils ne partageront pas trop mon avis que je devrais devenir patronne alors que ca fait seulement 8 mois que je suis là, alors qu’elle n’avait accédé à ce titre qu’après deux ans de travail acharne… Tant pis, c’est la règle de l’échelle, je suppose. Nous verrons bien.
En attendant, je cours maintenant prendre le metro pendant une heure pour rentrer à ma nouvelle adresse : Boss house, Boss street. Alors, qui est la boss maintenant ! pas besoin de promotion…
Poisson d'Avril
Quelqu’un dans l’univers écoute mes prières puisqu’en une semaine, j’ai eu une augmentation, S m’a demande d’emménager chez lui, Paul le boulanger a inventé le pain complet aux pépites de chocolat et - le summum pour moi - il existe maintenant du coca light à la cerise! Je sais, c’est chimiquement embarrassant et une honte d’admettre que j’aime ça, mais que j’aime ça!
Pour ceux qui ne le savent pas, je travaille depuis maintenant 8 mois pour Lexus Magazine, un trimestriel distribué aux conducteurs de voitures Lexus, traduit en sept langues et lu dans 34 pays. Je sais, je sais: quoi? la gitane écrit pour un magazine de voitures? quoi?! Mais en fait seulement 6 pages sur les 52 sont consacrées aux voitures, et les autres articles vont de la fleur de sel à la mode éthique. Je suis quand même devenue, en très peu de temps, la 'reine Lexus' aux yeux de mes collègues, qui viennent tous me voir pour connaître la signification de la transmission automatique ou bien le nombre de secondes que le toit de la SC 430 prend pour se replier dans le coffre. Non, je ne suis pas du tout fière de connaître tout ça. Ca me déprime plutôt de savoir que je peux maintenant tenir une conversation pointue à propos du fonctionnement d'une voiture. Je ne souhaitais vraiment pas ça en me lançant dans l'édition. En attendant de trouver quelque chose de plus excitant à faire, j'apprends beaucoup. Ma récente augmentation m’a laissée assez insatisfaite, puisque non seulement je ne changerais pas de titre, mais en plus ça rajoute un cote positif a la liste du pour et contre mon boulot, et ça sera encore plus difficile de partir un jour. L’équipe est géniale, le magazine est magnifique, les petits à cotes sont incroyables, et en plus, non seulement étais-je payée plus que la moyenne (ne vous affolez pas, c'est quand même presque rien compare à d'autres boulots moins passionnants) mais maintenant je vais être payée encore plus... comment m’en sortir après ça?!
Mais assez parle chiffons, vous vous posez peut-être davantage de questions à propos de la deuxième nouvelle que je vous ai annoncé: j'emmnage avec S, mieux connu pour certains en tant que 'le voisin' ou encore Krusty. Apres une fin triste et touchante avec M, j'ai commence à côtoyer un certain jeune homme que j'aime appeler Krusty en référence a sa calvitie plus que naissante qui, aurait-il les cheveux verts, lui prêteraient certainement une ressemblance au clown des Simpsons... Bon, il n'est ni gros, ni corrompu, et n'a pas son propre singe ni sa propre émission pour enfants, mais il me fait beaucoup, beaucoup rire, et c'est une ressemblance suffisante pour moi. Krusty est un homme-crevette très drôle, donc, qui vit à Tower Bridge, en face de l'appartement dans lequel je vivais à mon arrivée a Londres, et ou vivent toujours Stan et Daisy. Nous nous brossons les dents ensemble religieusement depuis un an (par téléphone quand nous ne sommes pas au même endroit). Parfois nous nous réveillons simultanément en plein nuit et nous parlons alors comme si nous ne nous étions jamais endormis. Nous courrons ensemble le week-end, et parfois il s’arrête pour marcher et je m’aperçois que je cours aussi rapidement qu’il marche. Regardez-le donc en train d’utiliser la perceuse en robe de chambre le week-end dernier...
Avant d'emménager chez lui, le premier avril prochain (date que je trouve très adéquate considérant la nature du bonhomme), j'ai habite chez mes parents, a Bond Street, et dans une galerie d'art, avec Tara, la propriétaire que j'aimais appeler la tarée (non pas pour rire mais parce que c'était vrai), et un dessinateur de mode, qui aimait ramener des mannequins plus maigres les unes que les autres, que je retrouvais de temps en temps fumant une cigarette, nue, dans le noir sur le canapé du salon... Je suis ensuite partie vivre dans l'appartement vide du frère de Krusty, qui a été très rapidement vendu, me poussant à déménager pour Chalk Farm, où je vis depuis avec un acteur a la Joey, et un producteur de TV (pour une chaîne de profs... très glam). Au lieu d'aller de pays en pays, je vais maintenant de station de métro en station de métro... Il faut bien faire semblant de se poser un jour.
Alors, avec mon nouveau titre de gitane de la ville, je vous embrasse, et vous promets d'écrire plus régulièrement et plus brièvement surtout. En espérant que vous allez tous bien, et que vous m'enverrez aussi de vos nouvelles... x
Il y a un début à tout...
Je me lance donc dans la rédaction d’un blog, puisque ayant rejoint le camp des grands, ceux qui se lèvent le matin pour travailler, je n’ai plus du tout, du tout le temps de m’asseoir pour contempler ma vie tous les jours comme avant... et puis, puisque, encore une fois, j’ai maintenant un de ces trucs qu’on appelle emplois, il ne se passe plus autant de choses passionnantes au jour le jour. Ce n’est pas pour dire qu’il ne se passe rien, évidemment. J’ai donc pensé qu’un blog serait le meilleur forum pour avoir une trace de ce qu’il se passe depuis que je suis à Londres. Même s’il n’y a que moi pour le lire!Je commence demain, comme on dit...